Au cours des 15 dernières années, le taux d’inoccupation des locaux commerciaux a fortement augmenté en Belgique. Mais depuis début 2021, ce taux diminue pour la première fois depuis longtemps.
Au début de l’année 2008, 5,1 % de l’ensemble des locaux commerciaux en Belgique étaient vacants. Depuis 2008, le taux d’inoccupation en Belgique augmente d’année en année pour atteindre un pic provisoire de 11,9% en mai 2021. Malgré les confinements dus au corona, nous avons assisté en 2021 à une rupture de cette tendance à la hausse régulière et les taux d’inoccupation ont amorcé une baisse dès le début de l’année 2021.
Avec la suppression progressive de toutes les mesures corona au courant de l’année 2021, des temps meilleurs semblaient s’annoncer pour le commerce de détail belge. Malheureusement, l’année dernière éclatait la guerre en Ukraine, provoquant une énorme inflation due à la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Malgré cela, les taux d’inoccupation en Belgique ont poursuivi leur régression en 2022.
Inoccupation en nombre de locaux commerciaux
Début 2022, 11,6 % des locaux commerciaux en Belgique étaient inoccupés ; à la fin de l’année, ce chiffre était de 11,3 %. En chiffres absolus, le nombre de locaux commerciaux vacants a diminué de 848 pour atteindre 22.557. Avec 11,3 %, le taux d’inoccupation en Belgique est supérieur à celui du Luxembourg (9,2 %) et des Pays-Bas (6,0 %), mais inférieur à celui du Royaume-Uni (14,1 %).
Inoccupation en mètres commerciaux inchangée
La diminution de l’inoccupation en nombre de locaux commerciaux n’a pas eu d’incidence sur la part des mètres commerciaux vacants. La situation est restée la même en 2022, avec un taux d’inoccupation de 9,2 % en mètres. Ainsi, 2,7 millions de mètres carrés de commerce étaient inoccupés à la fin de 2022.
Inoccupation dans les régions
Les taux d’inoccupation sont quelque peu différents entre les différentes régions. La Région wallonne présente le taux d’inoccupation le plus élevé avec 12,7% des locaux. En revanche, la Région wallonne a connu la plus forte baisse du taux d’inoccupation (il était de 13,3 % au début de 2022). A Bruxelles, le taux d’inoccupation est resté le même et en Flandre, la baisse de l’inoccupation a été limitée.
Raisons de l’inoccupation
Il existe plusieurs explications à la forte hausse des taux d’inoccupation en Belgique. Il serait trop long de les énumérer tous, mais nous souhaiterions en mentionner deux.
La raison la plus importante est l’essor des achats en ligne. Au premier semestre 2022, les Belges ont dépensé 5,8 milliards d’euros en ligne (biens et services). Il s’agit à quelques exceptions près toujours de ventes raflées aux magasins physiques. Il est évident que cela a un effet sur la viabilité des magasins physiques et l’augmentation des taux d’inoccupation est donc une conséquence logique.
Malgré ce glissement de chiffre d’affaires vers le canal en ligne, le nombre de mètres commerciaux a augmenté de 19 % entre 2008 et 2020. À partir de 2020, le nombre de mètres commerciaux diminue légèrement, ce qui est donc une explication possible de la baisse du taux d’inoccupation en 2021 et 2022. Cela explique aussi en partie le taux d’inoccupation supérieur à la moyenne en Wallonie. Ici, le nombre de mètres de magasins a augmenté de 26 % de plus entre 2008 et 2020 que dans les autres régions.
Grandes différences entre les centres
Il existe de grandes différences entre les différents types de centres. C’est ainsi que les Shopping Center (par ex. Les Grands Prés, Belle-Ile et The W Shopping) avec 6,0%, connaissent une inoccupation beaucoup plus faible que la moyenne nationale.
En revanche, les centres des grandes villes présentent quant à eux des taux d’inoccupation beaucoup plus élevés. Le taux d’inoccupation le plus élevé se trouve dans le centre de Verviers, avec un taux d’inoccupation de 47% (presque un magasin sur deux) et le deuxième plus élevé se trouve dans le centre de Charleroi : 32,6% (où presque un magasin sur trois est vacant).
À Charleroi, le nombre de mètres commerciaux a augmenté de 56 % entre 2008 et 2020. À Verviers, cette inoccupation accrue est liée à l’échec du Factory Outlet Center (Crescent d’Eau) et de la rue Fernand Houget, désormais reconvertis. Cet ajout a eu lieu avant 2008. Il est toutefois étrange de constater que ces deux zones commerciales ajoutées présentent des taux d’inoccupation très limités. Les problèmes sont surtout apparus dans le centre-ville.
Premiers signes de reprise
Le nombre de mètres commerciaux en Belgique n’augmente plus depuis 2020. C’est dès lors aussi une première explication à la baisse des taux d’inoccupation. En outre, nous semblons voir les premiers signes d’une stabilisation des flux sortants vers les services en ligne dans un certain nombre de secteurs. C’est ainsi que dans les secteurs des jouets, de la bijouterie et des livres – des secteurs où une grande partie du chiffre d’affaires s’est déplacé vers le commerce en ligne – après des années de diminution du nombre de magasins, nous constatons pour la première fois cette année une stabilisation du nombre de magasins.
Souhaitez-vous savoir plus en détail comment évolue la situation de l’inoccupation?